Le deuxième été: 1883

Dans l’été 1883, le philosophe arrive en traînant avec lui un «boulet» de 104 kilos de livres. Sa puissance de travail énorme – il termine la deuxième partie de Zarathoustra et commence la troisième – lui procure un contrepoids à son isolement grandissant. «Un sentiment d’être étranger au monde, de voyageur de passage, d’errance est ancré profondément en moi – (…) pas seulement à cause du joug de ma vie extérieure. Il est rare qu’un ton chaleureux me parvienne».

La Haute-Engadine devient bientôt «ma vraie patrie et mon nid», «ici habitent mes muses». Sils-Maria est «le lieu où je veux mourir un jour, et d’ici là me donne les meilleures impulsions pour survivre».

 

Les aubergistes «sont si bons avec moi et se réjouissent de mon retour (…). Je peux acheter dans la maison elle-même des biscuits anglais, du corned-beef, du thé, du savon et toutes sortes de choses: c’est bien commode».

Pour ménager ses yeux sensibles, il fait tapisser sa chambre en vert foncé, «mais elle reste froide et basse de plafond.» Il souhaite «posséder assez d’argent pour construire ici une niche idéale (…), une cabane en bois de deux pièces, (…) sur la presqu’île qui s’enfonce dans le lac de Sils.»